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Le lit de Râ
L’Astre du jour s’endort dans la blancheur écume
Laissant, comme un adieu, une clarté étrange.
Des couleurs arc-en-ciel jaillissent de la brume
Aussi lumineuses qu’un linceul de soie blanche.
Les doux chants des oiseaux s’éteignent lentement,
Mélodies clairsemées étouffées par le soir.
Le cœur de la nature rythme ses battements
À la clarté du jour qui se voile de noir
Une brise timide au souffle rafraîchi
Inonde les mâtures des bateaux ondulants,
Où viennent s’éclater de frêles clapotis,
Mélopées où se mêlent cliquetis inquiétants.
L’Orient s’est habillé de mousseline brune
Laissant apparaître de timides lucioles,
De leur tanière céleste elles s’allument une à une
Dessinant des chimères où les formes s’étiolent
L’horizon rougeoyant aspire dans sa fournaise,
La lumière et les bruits qui résistent en vain.
Le Soleil vient de quitter ce jour qui lui pèse
Se laissant engloutir par de nouveaux matins
Il brille pour d’autres yeux, s’ouvre sur un ailleurs.
Il a peint à nos cieux l’encre de son absence
Pour laisser reposer nos esprits et nos cœurs
et retrouver demain son unique brillance.
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Que je vive après
Lorsque mon âme aura franchi
Le grand portail de l'autre vie
Lorsque mon cœur aura fini
De battre la mesure de ma vie
Lorsque mes yeux seront éteints
Dans un ultime soufflet de cils
De mon enveloppe ne jetez rien
Que mes organes vous soient utiles.
Donnez mes yeux pour que j'y voie
Donnez mon cœur que je soupire
Donnez mes reins, donnez mon foie
Et mes poumons que je respire.
Qui s'aime me suive
Donnez ma mort
Pour que je vive
Encore.
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Normandie
Je me suis étendue entre Bresle et Couesnon
Dessinant mes rivages aux courbes de la mer
Je renvoie les écumes à ma voisine Albion
Jalousant mes galets, mes falaises et mes terres.
On me dit de frimas, on m'inonde de pluie
On me flanque de boue, on me voile de nuages
Rumeurs ! Mon cœur est doux, agréable et joli
Quand le bleu de mes cieux illumine mes villages.
Des colliers de maisons dégringolent des collines
Et serpentent amoureuses, mes rivières tranquilles
Sur ma peau de verdure quelques vaches ruminent,
Au loin, dans le couchant, un clocher se profile.
Mes bosquets et mes bois vous révèlent des trésors
Mes chemins de noisettes font sourire vos sens
Pour cultiver la vie, je vous offre mon corps
Mes vallons et mes plaines inventent des romances.
De Cany à Coutances, de Mortagne à Honfleur
Le murmure des oiseaux, le silence des prairies
Où se mèlent parfums et valse des couleurs
La nature est mon sang, mon nom est NORMANDIE.
Prix Paul Labbé - Thiberville (27) - Novembre 1999
Médaille de Bronze - Concours national Verneuil-sur-Avre (27) - Septembre 2000
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